Pédagogie et articles sportifs
PDS par atémi
Polo Grisoni mène depuis plusieurs années une réflexion sur l’accidentologie du parachutisme et notamment sur les erreurs humaines lors des procédures de secours. Un article consacré à sa façon de voir les choses a été publié en décembre 2013.
Polo Grisoni nous explique :
« Je dresse un constat assez alarmant au sujet des acquis des élèves et des pratiquants confirmés en matière de procédure de secours, lors des révisions régulières que j’effectue.
Certains incidents ou accidents plus ou moins récents le confirment, les procédures de secours incomplètes en sont bien souvent la cause. Ma démarche vise à être un catalyseur pour provoquer une réponse concrète et efficace. Il faut parfois savoir dépasser les tabous ou les vieilles habitudes qui sont autant de freins à notre réflexion et à nos actions.
Une remise en question de la procédure actuelle ne peut s’appuyer que sur une analyse sincère et approfondie de la réalité. J’ai souhaité que ce débat soit conduit sans polémique. Il s’agit :
1./ de relever et de mettre en perspective les données objectives tirées du vécu de chacun,
2./ d’aider à la prise de conscience des problèmes pour mieux les résoudre,
3./ d’adapter notre action et notre choix avec pertinence et cohérence,
4./ d’associer les acteurs du parachutisme qui sont directement concernés par ces évolutions et de les mobiliser pour qu’ils contribuent à la réussite de la réponse proposée.
Une des causes principales d’incidents et d’accidents : le stress
À la fin des années 90, j’ai effectué des mesures de fréquence cardiaque sur plusieurs élèves. Au moment de la mise en place, de la sortie d’avion et de l’ouverture du parachute, les fréquences cardiaques varient de 140 à 180 pulsations par minute suivant les individus. Ce stress important peut générer panique, précipitation, d’où parfois des libérations incomplètes avec des incidents ou des accidents.
Actuellement, que peut-on faire de plus ? Les systèmes de sécurité « mécaniques » (Steven et LOR) sont conçus pour pallier l’absence d’action sur la voile de secours, car ils agissent uniquement sur le conteneur de secours. Mais aucun système n’est prévu pour compenser une mauvaise procédure en ce qui concerne la libération.
Autrement dit, tout parachutiste, quel que soit son niveau, doit être parfaitement capable de dégager correctement sa voilure principale lorsque cela est nécessaire. Aucun système ne le fait à sa place. La seule solution est de proposer une méthode manuelle qui garantisse une action correcte à 100%, même en cas de précipitation du parachutiste.
Pour information, voici un modèle théorique forgé par des chercheurs en communication, qui montre clairement que la simple émission d’un message, d’un émetteur à un sujet récepteur, se heurte à de nombreux parasitages, qui font qu’entre le message émis et ce qui est réellement réutilisé par le récepteur on peut avoir jusqu’à 80% d’écart !
Si l’on rajoute à tout cela une forte dose de stress… Cette perte d’efficacité inéluctable dès la formation initiale est d’autant plus considérable lorsque la mise en pratique inclut inévitablement un stress important.
Sur la procédure de secours identique à celle préconisée par la FFP et enseignée aux futurs moniteurs et élèves, j’ajoute un point qui insiste sur le visuel de la poignée de libération et surtout sur l’amplitude du geste à effectuer. Bon nombre de moniteurs français ont intégré une action similaire et demandent à leurs élèves de « remonter » leurs mains au niveau de leur visage. Le contenu de ma proposition :
« Je regarde ma poignée, je la saisis main droite main gauche je tire ma poignée à fond, puis avec ma main gauche je viens effectuer un «atémi» sur les joncs jaunes pour les libérer complètement de leurs gaines métalliques (tubes de douche). Ensuite, changement de visuel et je réalise mon action sur la poignée gauche normalement. »
Vous avez bien compris l’intérêt que peut avoir cette démonstration : assurance totale d’une désolidarisation de la poignée de libération.
Chaque année de nombreuses procédures de secours sont effectuées sur tous les terrains français sans le moindre problème. Mais cette action n’est pas efficace à 100 %. Mon analyse n’est en aucune façon une critique de l’enseignement de la procédure actuelle, elle ne fait que souligner une de ses limites et proposer une évolution »